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25 octobre 2020

Augmenter l’engagement dans une formation en ligne

Les entreprises qui développent des applications pédagogiques ou des plateformes de formation en ligne me posent souvent la question de comment améliorer l’engagement. En informatique, on mesure l’engagement en comptant les utilisateurs qui reviennent régulièrement ouvrir l’app.

bannière bleu avec un graphe qui monte et qui termine avec une étoile feu d'artifice

Les principes sont les mêmes que pour tous les outils numériques1,2: diminuer la friction et augmenter la motivation. Mais la mise en œuvre est un peu différente, surtout pour l’aspect motivation.

Diminuer la friction.

La première chose à faire, ça n’est pas d’ajouter du strass et des paillettes, mais c’est d’enlever tout ce qui complique l’expérience utilisateur.

Dans une application éducative, dans un e-learning ou une plateforme de formation :

  • Le strass et les paillettes c’est ajouter une petite animation feu d’artifice quand on répond juste, ou bien quelques petits détails marrants au fond de la scène dans laquelle évolue le personnage.
  • Ce qui complique l’expérience utilisateur c’est par exemple ce « drag-and-drop » tellement stylé mais qui marche mal sur tablette.

L’objectif est que l’apprenant.e puisse commencer à apprendre le plus vite et le plus facilement possible. On pourra par exemple :

  • Diminuer le nombre de clics nécessaires pour accéder au démarrage de la formation,
  • Diminuer le temps de chargement de la page,
  • Homogénéiser les interactions en mettant toujours les boutons « suivant » et « valider » au même endroit.

L’idée, c’est de rechercher tous les petits irritants qui rendent l’application ou l’e-learning un peu pénible à utiliser. Pour faire ça, le plus efficace est d’observer un·e (des) nouvel·le utilisateur·trice tester votre produit sans le guider et de regarder tout ce qui lui fait perdre un peu de temps.

Un double bénéfice de travailler le design de son application ou de son elearning

Diminuer la friction a deux avantages :

  1. Il augmente l’engagement des utilisateurs·trices car l’expérience est plus fluide
  2. Il améliore les apprentissages en diminuant ce que Mayer appelle la surcharge cognitive qui correspond à l’énergie mentale que l’on gaspille à faire autre chose qu’apprendre. Et on va voir dans le paragraphe suivant que si on apprend mieux, alors on est davantage motivé, et on a davantage de chances de revenir se former.

Augmenter la motivation

Nous avons vu comment diminuer la friction, voyons maintenant comment augmenter la motivation.

Motivation intrinsèque et motivation extrinsèque

Pour mieux comprendre ce qui nous motive, et et pour susciter de l’engagement, il est utile de distinguer la motivation intrinsèque de la motivation extrinsèque :

  • La motivation intrinsèque est la motivation liée à la réalisation directe de la tâche. Par exemple, je suis motivée pour lire un livre car j’ai du plaisir à lire ce livre.
  • La motivation extrinsèque est la motivation liée à ce que va m’apporter le fait d’avoir réalisé la tâche. Par exemple, je suis motivée pour lire un livre car cela va faire plaisir à l’enseignante. Ou bien je suis motivée par lire un livre pour pouvoir en parler à un dîner, etc.

Motivation intrinsèque et extrinsèque

Les leviers de la motivation intrinsèque

On dit souvent que les leviers de motivation intrinsèque sont les plus nobles et les plus puissants. En utilisant ces leviers, vous augmenterez l’engagement des apprenant·es à utiliser votre application car vous aurez produit une bonne application pédagogique.

1 – La curiosité

Pour une application pédagogique, le premier de ces leviers, c’est la curiosité , l’envie de connaître de nouvelles choses, en particulier sur les sujets qui nous intéressent. Mais comment construire des contenus intéressants ? Un article sur le sujet arrive bientôt sur le blog, mais en attendant, voici quelques pistes. Pour que votre contenu soit perçu comme intéressant, il faut :

  • Soit qu’il réponde à une question que la personne se pose vraiment à l’instant où il.elle lit le contenu. Souvent cette question peut être : « mais pourquoi …. ? ».
  • Soit qu’il crée une surprise, sur le fond, ou sur la forme

2 – Le sentiment de compétence

Le deuxième levier, c’est de permettre de développer le sentiment de compétence . Plusieurs études le montrent : ce n’est pas la motivation qui crée la réussite mais bien la réussite qui crée la motivation4. Votre application doit donc donner à l’apprenant l’occasion de se tester. Si les tests sont trop simples, ou trop difficiles, vous ne développerez pas ce sentiment de compétence. Et donc vous n’activerez pas ce levier de motivation.

3 – Le sentiment d’autodétermination

Le troisième levier, c’est de donner de l’autonomie à l’apprenant.e qui doit pouvoir maîtriser son rythme d’apprentissage. Il ou elle doit par exemple pouvoir décider d’en lire plus, ou d’en lire moins. Ou bien pouvoir commencer par un sujet ou par un autre.

4 – Le sentiment d’affiliation

Le quatrième levier, c’est de développer le sentiment d’affiliation . Nous sommes très motivés à faire partie d’un groupe, d’un collectif. Une manière d’agir sur ce levier est de créer une communauté d’apprenant·es dans votre application ou bien sur les réseaux sociaux, ou encore mieux, avec de vraies rencontres en présentiel !

La motivation extrinsèque

  • Le premier levier de motivation extrinsèque, c’est ce que l’on gagne quand on a suivi toute la formation. Ce peut être un diplôme, ou un certificat à partager sur les réseaux sociaux par exemple.
  • Le second levier, ce sont toutes les récompenses que l’on peut avoir au cours de l’apprentissage. C’est par exemple le jingle de réussite à un quiz, badges de compétences, niveaux passés, etc. Il s’agit de ludifier le parcours dans l’application. La Khan academy fait ça très bien par exemple avec le petit jingle et la petite animation lorsque vous répondez juste à un exercice.
  • Enfin, le troisième levier, ce sont les notifications, les signaux qui vous rappellent l’existence de l’application et la disponibilité de nouveaux contenus pédagogiques.

Bilan : Une application avec un bon design, un contenu avec une bonne pédagogie

Si je devais résumer, pour faire une bonne application éducative, vous avez besoin :

  • D’une bonne designeuse qui ne va pas chercher le design strass et paillettes, mais le design qui ne fait pas obstacles aux apprentissages.
  • D’une bonne pédagogue qui va construire une expérience pédagogique intéressante, qui donne l’occasion de se tester et de se sentir progresser, et de faire des (vrais) choix dans son parcours.

Une fois que tout ça est bien fait, vous pourrez aller plus loin et travailler :

  • La notion de communauté,
  • Et l‘image de marque de votre formation qui augmentera la valeur de votre certificat ou de votre diplôme.

Pour aller plus loin

1. Pour comprendre comment les réseaux sociaux nous rendent accro : « Hooked »  de Nir Eyal

2. Pour savoir comment les designer de jeux vidéo prennent en compte l’expérience utilisateur : « Dans le cerveau du gamer » de Célia Hodent

3. Pour en savoir plus sur la notion de friction en UX-UI design, et comment la diminuer, voici quelques liens :

4. Pour en savoir plus sur les liens entre réussite et motivation : Une vidéo sur youtube qui reprend les idées du livre « The motivation Myth » de Jeff Hadden.