Voici quelques conseils que je donnerais à une personne qui possède une expertise dans un domaine particulier et qui souhaite proposer des formations.

Trois croyances quand on débute en formation
J’ai très souvent entendu des formateurs occasionnels dire qu’on prenait du retard et qu’il fallait accélérer car ils et elles avaient plein de chose encore à dire aux stagiaires.
« On a pris du retard et j'ai plein de choses à vous dire !»
Cette phrase (ou ses variantes) montre trois croyances que l’on a quand on débute en formation. On a en général de bonnes raisons d’y croire, mais ce n’est pas la réalité du métier de formatrice ou de formateur.
1. Je risque de ne pas avoir assez à dire
En général, quand on prépare une formation, on a peur de ne pas savoir comment occuper les stagiaires et de ne plus rien avoir à dire avant la fin de la formation. En réalité, dès que l’on interagit un peu avec les stagiaires, qu’on a de l’expertise sur le sujet de la formation, et que le sujet intéresse les stagiaires, on se retrouve plus souvent à manquer de temps.
Même les formateurs et formatrices expérimenté·es ont tendance à prendre du retard dans les formations qu’ils et elles animent pour la première fois. Mais l’expérience et la compétence doit leur permettre de régler ce problème en une ou deux sessions.
2. Il faut que je dise des choses intelligentes
Quand on débute en formation, on pense que le rôle du formateur ou de la formatrice est de « dire des choses », si possibles intéressantes et de manière claire (pédagogique).
En fait, notre rôle en tant que formateur / formatrice, ce n’est pas tant de parler que de créer les conditions pour que les stagiaires changent. L’objectif c’est qu’à la fin de la formation, ils ou elles :
- changent d’avis sur quelque chose,
- soient capable de faire quelque chose différemment.
Et le plus important pour arriver à ce résultat n’est en général pas de ce que NOUS on dit, mais dans ce que eux disent et font pendant la formation (avec le feedback qu’on apporte, ou que les autres stagiaires apportent après).
3. Il faut que je dise plein de choses
La dernière croyance que l’on voit dans cette phrase, c’est l’idée qu’« on doit dire plein de choses ». En général, quand on se lance en formation, c’est qu’on est expert·e d’un sujet. On sait plein de choses, on aurait envie de tout transmettre, et on pense que notre formation sera d’autant meilleure qu’elle sera complète.
Et c’est une erreur.
Quand on prépare une formation, il faut cibler sur un ou deux objectifs principaux et chercher à dire le moins de choses possibles pour les atteindre. Le but est de réussir à faire en gros :
👉 30% d'apports où on parle, 👉 70% de pratique où ce sont les stagiaires qui parlent ou pratiquent.
Petit test de positionnement
Parce que c’est fun, et parce que c’est toujours intéressant de réfléchir à nos propres pratiques… Voici un petit test de positionnement qu’il m’arrive d’utiliser en formation de formateurs·trices.
Le test
Choisissez les options qui décrivent le mieux votre situation actuelle.
Avant la formation
- Je passe davantage de temps à préparer ce que je vais dire que ce que vont faire les stagiaires
- J’ai un objectif prioritaire très clair de ce que je veux que les stagiaires changent
- Je teste les exercices que je vais donner aux stagiaires en les réalisant en entier
- J’ai souvent du mal à estimer la durée que vont prendre certaines parties de la formation
Pendant la formation
- Les stagiaires parlent davantage que moi
- Je décide souvent de sauter une partie que j’avais préparée
- J’arrive à savoir quels sont les stagiaires qui ont atteint, ou pas, l’objectif prioritaire.
- Je réduis souvent le temps prévu pour les pauses pour tenir le planning
Après la formation
- Je prends des notes à la fin de la formation pour la prochaine session
- J’ai quasiment toujours un contact avec plusieurs stagiaires qui m’informent de ce qui a changé dans leurs pratiques
Quelques conseils pour améliorer l’efficacité de vos formations
Maintenant que nous avons vu les principales croyances qui rendent nos formations moins efficaces, voyons quelques conseils pratiques pour progresser !
Gestion du temps et des priorités
La question de la gestion du temps est en fait intiment liée à la question des priorités.
Prioriser
C’est par ce point que je conseille de commencer avec la question suivante :
Qu'est-ce que les stagiaires diront ou feront différemment à la fin de votre formation (par rapport à ce qu'ils et elles faisaient avant) ?
Souvent, on a du mal à répondre à cette question car, même si on est parti·e d’un problème de terrain pour construire la formation, on s’est ensuite concentré·e sur le contenu qu’on allait apporter. Sur ce sujet, j’ai écrit plusieurs articles de blog :
- Définir le problème à résoudre par la formation
- Se centrer sur ce qui est « need to know » en formation
Préparer un déroulé minuté
Une fois que l’on a défini ses priorités, il faut construire un déroulé de la formation. Je vois trop souvent un déroulé préparé uniquement sous la forme d’un document texte qui mélangent sur plusieurs pages ce que les formateurs·trices ont prévu de dire et le timing. Il arrive toujours un moment où la personne qui réalise la formation se perd dans ses feuilles… Ma recommandation est d’avoir en parallèle :
- Un tableur qui vous permet d’avoir une vue d’ensemble en une page et de gérer votre temps.
- Un support avec le minimum de texte pour que vous vous souveniez de ce que vous vouliez dire. Ce peut être :
- Un diaporama (ma préférence en formation « classique ») si c’est pertinent d’utiliser un vidéo projecteur
- Un paperboard préparé (j’utilise cette solution quand on n’a pas accès à un vidéo projecteur où qu’on veut garder un aspect informel à la formation)
- Des notes (je n’aime pas trop ce format à titre perso et je vois souvent les personnes qui les utilisent se perdre dans leurs notes trop fournies)
- Un tableau blanc ou vert pré-rempli
- Un support avec les consignes des activités des stagiaires. Au choix ce peut être :
- Des diapos dédiées dans votre diaporama
- Un document papier que vous distribuez aux stagiaires
- Un paperboard préparé à l’avance
- Des consignes écrites au tableau
J’ai écrit un article de blog pour vous partager le tableur que j’utilise pour avoir une vue d’ensemble de la formation et ajuster la durée de chaque partie :
Attention au tour de démarrage
Toutes les formations démarrent par un petit moment de présentation. Ce moment ne doit pas être improvisé et vous devez le concevoir en ayant en tête :
- Le niveau d’inter-connaissance entre les stagiaires : est-ce qu’ils se connaissent déjà tous ?
- La durée totale de la formation : On peut accorder plus de temps à l’interconnaissance quand la formation dure 2 jours que quand elle dure 2 heures.
- La flexibilité que vous avez, ou pas, dans votre formation. Ne passez pas trop de temps sur les attentes des stagiaires si vous n’avez de toutes façons pas prévu d’options différentes dans votre déroulé.
De manière générale :
- Donnez une consigne pour la présentation. Ex : prénom, ville et votre nombre d’années d’expérience en tant que …
- Évaluez la durée de ce tour de présentation en faisant l’exercice pour vous même en amont, et multipliez par le nombre de personnes qui seront présentes. Je prends en général une marge en multipliant le résultat par 1,5
- Commencez le tour par une personne que vous saurez être concise. Ça peut être vous 😉.
Et pour recueillir les attentes des stagiaires, n’hésitez pas à envoyer un mail ou un formulaire avant la formation. C’est le meilleur moyen pour s’adapter réellement aux besoins des stagiaires.
Pour aller plus loin
Vous pouvez me contacter par mail ou sur les réseaux sociaux (Linkedin et Mastodon) si vous voulez en savoir plus, être accompagné dans votre développement professionnel ou organiser une formation de formateur·trice 😉 !